- bondieusard
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• 1865; de bon Dieu♦ Fam. et péj. D'une piété ostentatoire. L'abbé Pierre « si loin du discours bondieusard » (F. Giroud). — N. ⇒ bigot.Synonymes :- biogot- cafard- cagot- calotin- tartufe⇒BONDIEUSARD, ARDE, subst. et adj.P. iron., péj.A.— Subst. (gén. masc. plur.). Personne dévote qui a une prédilection marquée pour les pratiques religieuses. (Quasi-)synon. bigot(e) :• 1. Mais Malorthy ne se laissait pas convaincre :— Qu'a-t-elle besoin d'un curé, pour apprendre en confesse tout ce qu'elle ne doit pas savoir? Les prêtres faussent la conscience des enfants, c'est connu. Pour cette raison, il avait défendu qu'elle suivît le cours de catéchisme, et même « qu'elle fréquentât l'un quelconque de ces bondieusards qui mettent dans les meilleurs ménages, disait-il, la zizanie. »BERNANOS, Sous le soleil de Satan, 1926, p. 69.— Domaine de l'expr. (subst. ou adj.). ,,[Terme] créé par Gustave Courbet (...) pour désigner soit un peintre de sujets religieux, soit un de ces peintres qui semblent s'inspirer des enlumineurs d'estampes`` (L. RIGAUD, Dict. du jargon parisien, 1878, p. 43) :• 2. Le coup est rude; mais, comme le Christ peint par les bondieusards du quartier Saint-Sulpice, le poète se relève sous le poids de sa croix...COPPÉE, Contes en prose, 1882, p. 242.Rem. Désignerait aussi un fabricant ou marchand d'objets de piété, selon LARCH. Suppl. 1880, p. 18; L. RIGAUD, Dict. de l'arg. mod., 1881, p. 48; FRANCE 1907; Ch.-L. CARABELLI, [Lang. pop.].B.— Adj. Qui témoigne un goût exagéré pour les formes extérieures de la religion, pour ses aspects les plus traditionnels et les plus sentimentaux :• 3. Parlé de sainte Véronique avec ce pasteur. Il me dit voir en elle un exemple héroïque à l'encontre du respect humain. Vue banale, séminariste et bondieusarde. Je lui réponds que la beauté de cette sainte est incomparablement plus haute et plus profonde. Elle apparaît au centre de la passion pour honorer le sacerdoce, le pontificat suprême universellement conspué et pour vénérer la face qui fait honte et peur au genre humain.BLOY, Journal, 1900, p. 14.• 4. Catholique jusqu'aux moelles, mais tolérant aussi jusqu'aux moelles, je n'aime pas, chez le catholique, le ton papelard, bondieusard et amorti.L. DAUDET, Les Universaux, 1935, p. 226.— Domaine de l'expr. Traduction sulpicienne et bondieusarde (BLOY, Journal, 1905, p. 254); mosaïques bondieusardes et infiniment coûteuses (BLOY, Journal, 1906, p. 319).Rem. On rencontre dans la docum. l'hapax bondieusant, ante, adj. (E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1893, p. 477 : la légion bondieusante et mystique dont Veuillot avait le commandement; forme adj. de bondieuser). Qui croit au bon Dieu, qui a une prédilection marquée pour les choses de la religion. On rencontre également les néol. a) Bondieusarderie, subst. fém. (Le Figaro, 1876 dans L. LARCHEY, Dict. hist. d'arg., 1878, p. 369 : [rues] entachées de bondieusarderie). (Quasi-)synon. bondieuserie (cf. bondieuserie B 1); b) Bondieusardisme, subst. masc. (HUYSMANS, En route, t. 1, 1895, p. 172 : l'état intermédiaire entre le bondieusardisme et la sainteté). (Quasi-) synon. bondieuserie (cf. bondieuserie A), bigotisme, cagoterie.1re attest. 1865 (J. VALLÈS, Les Réfractaires, p. 20); dér. de bon1-Dieu, suff. -ard. — [
], fém. [-
]. Les dict. qui attestent le mot, Lar. 19e, Lar. encyclop. ainsi que ROB. et QUILLET 1965, écrivent bondieusard. Noter la graph. bondieusart chez L. DAUDET, La Vie de Clemenceau, 1942, p. 211 et bondieuzard chez P. ARÈNE, Paris ingénu, 1881, p. 81. — Fréq. abs. littér. : 6.
BBG. — DARM. 1877, p. 89. — PAMART (P.). Écriture artiste et créations verbales. Vie Lang. 1970, p. 308.bondieusard, arde [bɔ̃djøzaʀ, aʀd] adj.❖♦ Fam. et péj. Qui manifeste une piété exagérée et mal entendue. ⇒ Bigot. || Une allure bondieusarde de sacristain.♦ (Choses). Saint-sulpicien.1 Il était entouré de tout un arsenal bondieusard, des brochures peintes, éparses avec des numéros du journal le Pain, et l'Écho du ciel, des gravures pieuses, un christ et autres bibelots sacrés.Louise Michel, la Misère, t. III, p. 614 (1881).2 (…) Malorthy ne se laissait pas convaincre :« Qu'a-t-elle besoin d'un curé, pour apprendre en confesse tout ce qu'elle ne doit pas savoir ? Les prêtres faussent la conscience des enfants, c'est connu. »Pour cette raison, il avait défendu qu'elle suivît le cours du cathéchisme, et même « qu'elle fréquentât l'un quelconque de ces bondieusards qui mettent dans les meilleurs ménages, disait-il, la zizanie ».Bernanos, Sous le soleil de Satan (1926), in Œ. roman., Pl., p. 68-69.REM. Le peintre Courbet employait le mot pour désigner les artistes qui traitaient des sujets religieux.❖DÉR. Bondieusarderie.
Encyclopédie Universelle. 2012.